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Secteur par secteur, les entreprises qui détiennent les meilleurs brevets

7 Fév , 2016,
AdminFR1

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La puissance d’un portefeuille de brevets dépend non seulement de leur nombre mais aussi de leur impact et de leurs possibles applications.

Chaque année, le lobby pro-technologie IEEE délivre son classement des meilleurs portefeuilles de brevets détenus par les entreprises. La puissance du portefeuille de brevet prend en compte non seulement le nombre de brevets déposés en 2014 à l’U.S. Patent and Trademark Office, mais aussi d’autres critères censés renseigner de la valeur du portefeuille : le nombre de dépôts est-il en hausse ? Le brevet est-il fréquemment cité dans l’autres brevets déposés (ce qui suggère un fort contenu technologique) ? Dans combien de catégories a été déposé le brevet (plus le nombre de domaines est important, plus il peut donner lieu à une innovation de rupture) ? Etc.

Le classement général fait ressortir loin devant les fameuses GAFA : Google, Apple et Facebook s’accaparent les trois premières marches du podium (Amazon ne figurant même pas dans le classement), suivi d’autres géants de l’informatique et de l’électronique, Qualcomm, EMC et IBM. Les entreprises américaines sont évidemment dominantes puisque seuls sont comptabilisés les brevets déposés aux Etats-Unis. Néanmoins, dès lors qu’une entreprise étrangère y a une activité établie, elle doit protéger ses brevets aussi à l’U.S. Patent and Trademark Office. La France place ainsi sept entreprises dans le classement et l’Allemagne 13.

Au-delà du palmarès général, les classements par secteur révèlent, eux, quelques surprises.

Honeywell, un des leaders mondiaux d’équipements aéronautiques, arrive devant Boeing et un autre équipementier américain, UTC Aerospace Systems. Le groupe emploie 127 000 personnes à travers le monde, dont 22 000 scientifiques et ingénieurs. Il fabrique des systèmes de pilotage, de sécurité embarquée, de propulsion, des solutions logistiques. Airbus n’arrive que 7e mais rappelons qu’il s’agit uniquement des brevets déposés à l’office américain des brevets.

Les deux premiers constructeurs américains, Ford et General Motors, arrivent pratiquement à égalité. Ford a pourtant déposé moitié moins de brevets que son concurrent (813 contre 1562) mais ces derniers semblent avoir de plus larges possibilités d’exploitation. Il est à noter que les valeurs des portefeuilles de brevets des entreprises du secteur automobile et aéronautique sont très semblables.

Le laboratoire Johnson Johnson caracole loin devant avec un portefeuille de brevets plus de deux fois supérieur à celui de son challenger, l’américain Xyleco (le score de ce dernier étant peu significatif car la valeur de son portefeuille est calculée sur 32 brevets déposés en 2014). Johnson Johnson a pourtant déposé moins de brevets que l’an dernier mais ces derniers concernent un nombre très large de catégories. Une stratégie destinée à favoriser une possible extension d’indication.

Celanese, implanté au Texas, est un fabricant de produits chimiques tels que les dérivés cellulosiques ou l’acide acétique, utilisé comme solvant ou dans la fabrication de plastique. Bref, ses brevets concernent aussi bien la chimie que l’agriculture, les biens de consommation, l’industrie pétrolière, la cosmétique ou le médical. Par comparaison, la puissance de son portefeuille équivaut à peu près à celui de Ford ou de Hewlett-Packard. A noter que la force de la chimie allemande n’est pas usurpée : deux entreprises du pays figurent dans le top 10.

Google et Facebook laissent loin derrière leurs petits camarades. La valeur de leur portefeuille de brevets est plus de trois fois supérieur à celle de mastodontes de l’informatique comme IBM ou Microsoft. Une grande différence sépare toutefois les deux rivaux : Google a déposé près de 3 000 brevets en 2014 alors que Facebook s’est limité à… 280. Oui, mais ces derniers ont une bien plus grande portée, semble indiquer le score, puisqu’ils sont notamment bien plus cités dans d’autres brevets et concernent un plus grand nombre de catégories potentielles.

En tête, l’américain EMC se définit lui-même comme « le leader mondial du IT-as-a-service (ITaaS) » et se vante d’avoir investi 20,7 milliards de dollars dans la recherche et développement ces dix dernières années. Il emploie plus de 70 000 personnes dans 86 pays. Son score en matière « généralisation » est particulièrement élevé ; cela signifie que ses brevets sont cités par de nombreux brevets extérieurs hors de sa catégorie d’origine et donc que ses applications potentielles sont étendues.

Apple surclasse tous ses concurrents du secteur électronique avec un score plutôt comparable à ceux de Google ou Facebook. Ses brevets sont très fréquemment pris comme référence dans d’autres brevets et dans des domaines d’application variés. Le groupe est de plus particulièrement prolifique en matière de dépôts, ce qui ne manque d’ailleurs pas d’alimenter les spéculations dans les médias sur de possibles développements de produits. En 2e et 3e position, on trouve deux groupes japonais, preuve que le pays dispose encore d’une certaine avance dans ce domaine.

Cocorico ! La France, souvent critiquée pour l’omniprésence de l’Etat, dans son économie peut en tous cas se vanter d’une recherche publique particulièrement efficace et innovante. Le Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives (CEA) s’affiche à la première place du secteur des agences gouvernementales, faisant jeu égal avec le fabricant automobile Tesla par exemple. En quatrième place se trouve le CNRS, autre fleuron de la recherche française.

Medtronic et Covidien, les deux premiers du classement en matière de technologies et services médicaux, ont fusionné en 2015. A eux deux, la puissance de leur portefeuille de brevets atteint à présent plus de deux fois celle du troisième, Intuitive Surgical. L’entité a réalisé 27,8 milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2014 et investi plus de 2 milliards de dollars dans le recherche. Elle détient au total plus de 53 000 brevets dans les domaines des thérapies cardiovasculaires, du diabète, ou des technologies chirurgicales.

Avec une évolution technologique ultra rapide, le secteur des semi-conducteurs est aussi très compétitif, d’où la nécessité de déposer de nombreux brevets. Assez peu connus du grand public, les groupes Taiwan Semiconductor Manufacturing, Cree ou Semiconductor Energy Laboratory détiennent pourtant un portefeuille de brevets d’une valeur supérieure à celle de Samsung ou Intel.

Les universités américaines sont un haut lieu de la recherche du pays et déposent de nombreux brevets chaque année. Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) fait la course en tête, avec 325 brevets déposés en 2014 qui ont de plus un très fort impact en matière de contenu technologique. Deuxième, Harvard n’a déposé « que » 98 brevets en 2014 mais avec un nombre de citations record dans d’autres brevets.

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